Fati Zongo est mère de 9 enfants et grand-mère de 15 petits-enfants. Elle vit à Noungou – dans la commune de Loumbila- localité située à une vingtaine de kilomètres au nord-est de Ouagadougou, la capitale burkinabè. Avec les autres membres du groupement Nerwaya, elle jardine, vend les légumes et s’éloigne à petits pasde la pauvreté. Son secret ? Un système de pompage d’eau alimenté en énergie solaire financé par Solidar Suisse.
Loquace de nature, Fati Zongo fait pourtant preuve d’une certaine pudeur quand on aborde le sujet de l’argent. Pour lui faire dire ce qu’elle gagne dans la production maraichère, il faut user de patience et de stratégie. « J’ai obtenu 2 millions 640 F CFA de la vente de mes légumes il y a trois ans » finit-elle par chuchoter.
C’était en 2013. Une année bénie pour cette mère de famille nombreuse et ses 21 autres camarades du groupement Nerwaya. Cette année-là, le groupement obtient un appui de Solidar Suisse, par l’intermédiaire de l’association Manegdzanga, une structure à laquelle le groupement est affilié. Le groupement reçoit des plaques solaires pour alimenter le système de pompage et d’acheminement de l’eau du barrage aux parcelles de culture. Cette aubaine changera les conditions de travail et de vie des femmes.
Le solaire, une nouvelle énergie pour les productrices
Avant l’acquisition des plaques solaires, la charge du groupement en carburant s’élevait en moyenne à 528 000 F. « Pour faire fonctionner les motopompes sur toute la saison, il nous fallait acheter 660 litres d’essence »affirme la trésorière du groupement, Mariam Compaoré. Le cycle de production saisonnier nécessite une trentaine de séances d’arrosage. Or, pour chaque séance, les machines consomment 22 litres d’essence soit 1 litre par parcelle. À l’échelle de chaque femme, la dépense saisonnière s’élève à 24 000 F environ, à raison de 800 F le litre d’essence.
Depuis l’acquisition des plaques solaires, le besoin en énergie combustible est divisé pratiquement par trois. « Nous n’utilisons désormais le carburant que quand le soleil n’est pas ardent »confie Zarata Ouédraogo, un membre du groupement. Plus le taux d’ensoleillement est faible, en effet, moins les motopompes arrivent à générer de la puissance pour pomper l’eau du barrage et l’acheminer jusqu’aux parcelles. Sur la saison, les femmes n’ont recours à l’essence qu’une dizaine de fois dorénavant. Pour la saison 2015, elles n’ont eu besoin que de 246 litres d’essence qui ont coûté à chaque femme 8000 F et au groupement tout entier la somme de 176 000 F.
Des conditions de travail améliorées
Avant le don des plaques solaires, Solidar Suisse et son partenaire local avaient déjà apporté, en 2008, un appui conséquent aux femmes. « Au départ nous avons eu deux motopompes, une trentaine de raccords, des semences, des pesticides, de l’engrais, du grillage et du ciment pour arranger les canalisations d’eau. Nos bienfaiteurs ont même envoyé un tracteur pour labourer la terre avant que nous procédions à la parcellisation de l’espace » relate la présidente du groupement, Salamata Konseibo. Ces appuis ont énormément contribué à soulager les femmes. « À l’époque, le travail était pénible. Pour arroser les légumes, il fallait renouveler plusieurs fois le parcours entre le point d’eau et son périmètre ». Et tout cela pour un résultat modeste en fin de saison, car seules les plus courageuses arrivaient à obtenir 5 sacs de 25 kg d’oignon.
Selon Fati Kaboré, membre du groupement, pour avoir 50 000 F, il fallait faire preuve de persévérance et d’acharnement au travail ».
À présent, les maraichères arrivent à tirer profit de leur labeur. « Aujourd’hui, nos conditions de travail se sont améliorées et nous gagnons beaucoup plus » témoigne Fati Kaboré, membre du groupement. Le groupement, durant la dernière campagne, a obtenu 320 sacs de 50 kg d’oignons. La vente du stock a rapporté plus de 30 millions 400 mille F au groupement et à ses membres au prix moyen de 95 000 F le sac. Les prix, selon les saisons, varient entre 75 000 F et 110 000 F si la période de vente est bien choisie.
Plus d’énergie solaire et moins de maladies de plantes pour le bonheur des productrices
Cependant les femmes rencontrent des difficultés dans la mise en œuvre de leur activité. En effet, les infections des légumes, particulièrement les oignons, sapent le travail de ces braves dames. Le botytris a par exemple occasionné une perte de plus de 500 000 F au cours de la saison 2015.
Le Burkina Faso étant un pays sahélien, les effets des changements climatiques affectent considérablement les conditions de vie et de production de nombreuses populations. L’utilisation des énergies renouvelables paraît comme une solution pouvant contribuer à réduire la vulnérabilité des populations pauvres et c’est ce à quoi Solidar Suisse s’emploie.