Au Burkina Faso, la crise sécuritaire et les changements climatiques ont entraîné une augmentation de l’insécurité alimentaire, la pauvreté et des déplacements massifs de populations. Pour apporter une réponse rapide aux besoins de base des ménages vulnérables, des populations autochtones et des Personnes déplacées internes (PDI), le projet RESICOM renforce leurs capacités de production sur des activités à gains rapides comme : le maraîchage, l’embouche ovine. Pour mieux pratiquer ces activités, des jeunes et femmes bénéficient d’une formation professionnelle, la dotation en kits de production, l’aménagement d’infrastructures de production, de conservation. Par ailleurs, pour faciliter la commercialisation et le financement de la production agricole et lutter efficacement contre l’insécurité alimentaire, des initiatives telles que le grenier de solidarité, le warrantage, les pôles de services sont mis en place au niveau endogène. Pour en savoir plus sur la gestion et l’impact de ces différentes initiatives sur l’amélioration des conditions de vie des populations rurales vulnérables, nous sommes allées à leur rencontre du 25 au 28 juin 2024 dans la région du Nord.
TÉMOIGNAGES SUR LE MARAÎCHAGE

Je suis MANDE Sanata, bénéficiaire d’une parcelle dans le périmètre maraîcher aménagé par le projet RESICOM dans le village de Minima (commune de Gourcy). Avant l’arrivée du projet, je pratiquais le maraîchage avec beaucoup de difficultés pour accéder à l’eau pour la production ; et à la récolte, j’étais obligée de vendre toute ma production par manque de magasin de stockage.
Aujourd’hui, grâce au projet RESICOM, toutes ces difficultés font désormais partie du passé, nous disposons d’un périmètre bien aménagé de 03 hectares doté d’un forage à gros débit, d’un système de pompage solaire ainsi qu’un magasin de stockage d’oignon équipé d’étagères qui facilite la conservation de la production. Au cours de la campagne 2023-2024, dans un premier temps, j’ai récolté et stocké 187 Kg d’oignons produits sur 20 planches de 10 m2. En suite, sur 10 planches, j’ai récolté 100 Kg d’oignons (sur lesquels j’ai vendu 50 kg à 10.000 FCFA et le reste de la production sert pour les besoins de consommation de ma famille).
Le projet RESICOM est une initiative qui est venue renforcer nos moyens de production sur plusieurs plans : nous avons bénéficié d’une formation sur les bonnes pratiques de production maraichère, de kits agricoles pour faciliter la production, d’un magasin de stockage qui m’a permis de stocker 187 Kg d’oignon en attendant un meilleur prix de vente sur le marché. Par ailleurs, l’utilisation de l’engrais organique bokashi que nous avons fabriqué nous même a réduit le coût de production et l’oignon se conserve plus facilement.

Selon Indi SAWADOGO, présidente de la coopérative TegaWendé bénéficiaire du périmètre maraîcher et du magasin de stockage d’oignon de Minima, le projet RESICOM est venu renforcer leurs moyens de production et de conservation. « L’engrais organique bokashi que nous avons appris à produire est très bénéfique : nous ne dépensons plus pour l’achat de l’engrais chimique et l’oignon produit avec le bokashi ne pourris pas vite et se conserve donc plus longtemps. Aussi, grâce à la disponibilité du forage, nous avons l’eau en permanence et pour une gestion optimale de l’eau, nous arrosons nos planches chaque 02 jours de façon alternée (à travers une répartition des producteurs en 02 groupes). Actuellement, dans le magasin de stockage, nous avons stocké environ 900 Kg d’oignon (à raison de 100 Kg par personne, dont une palette pour 03 personnes). Aussi, la disponibilité du MaBYZ (espace de libération des mères de la garde d’enfants), pendant la campagne sèche améliore la production des femmes qui ont des enfants en bas âge (le périmètre compte 120 producteurs avec seulement 05 hommes). Par ailleurs, grâce au projet RESICOM, le périmètre est sécurisé avec une clôture grillagée, nous pouvons l’exploiter pendant la saison sèche et hivernale selon les spéculations adaptées. Pour la pérennité de notre coopérative et l’entretien des infrastructures après le projet, nous avons ouvert un compte d’épargne avec un solde de 50.000 FCFA que nous comptons approvisionner à l’issue de chaque campagne de production.
TÉMOIGNAGE EMBOUCHE OVINE FORMATION PROFESSIONNELLE

OUEDRAOGO Mariam est une bénéficiaire de l’embouche formation professionnelle promue par le projet RESICOM. Grâce à l’appui du projet, Mariam est devenue une femme modèle dans son village Koumna Yargo (commune de Rambo). De nos jours, grâce aux bénéfices de l’embouche ovine, elle est devenue une commerçante de marchandise diverses et dispose d’une épargne de 150.000 FCFA dans son compte. En rappel, Mariam est l’une des milliers de femmes formées par le projet RESICOM sur la pratique de l’embouche ovine pour améliorer leurs moyens d’existence. Pour ce faire, en plus du renforcement de capacité sur les bonnes pratiques d’embouche, elle a bénéficié de 02 béliers, un grillage, un sac de tourteau, un seau, une brouette et de la pierre à lécher pour débuter son premier cycle d’embouche ovine. A l’issue de ce premier cycle, elle a vendu ses 02 béliers à 150.000F : sur ce gain, elle a racheté 04 béliers en octobre 2023 pour entamer son deuxième cycle d’embouche. Sur ces 04 béliers, elle revendu, 02 béliers à 140.000FCFA en février 2024. Sur ce montant, Mariam, a investis 35.000 FCFA dans le commerce d’accessoires de beauté, 25.000 FCFA pour soigner son enfant malade, épargné 25.000FCFA et le reste de l’argent sert aux besoins quotidiens de sa famille.

SORE Hamidou, époux de OUEDRAOGO Mariam que nous avons rencontré a traduit toute sa reconnaissance au projet RESICOM qui a beaucoup contribue au renforcement de leurs moyens d’existence grâce à l’appui apporté à sa femme « l’activité de mon épouse est une plus-value dans la réponse aux besoins de la famille, lorsque je suis en difficulté, elle n’hésite pas à assurer les dépenses de la famille y compris les frais de scolarité des enfants ».
TÉMOIGNAGES SUR LE GRENIER DE SOLIDARITÉ

« Je m’appelle OUEDRAOGO Salamata, je suis membre du grenier de solidarité du village de Koundouba (commune de Gourcy). La mise en place du grenier de solidarité est une bonne initiative qui vient soulager nous personnes âgées qui n’avons pas toujours une récolte suffisante pour couvrir les besoins alimentaires pour toute l’année, du fait du manque de la main d’œuvre et des changements climatiques. L’avantage de ce grenier, c’est qu’elle est gérée par les femmes de notre association, lorsqu’un membre est en manque de céréales, elle peut emprunter facilement une certaine quantité pour subvenir rapidement aux besoins alimentaires de sa famille sans s’exposer aux moqueries. Cette année, pendant la période de soudure, j’ai emprunté 16 Kg de sorgho pour subvenir aux besoins alimentaires de ma famille. Sans la présence de ce grenier, j’aurai des difficultés pour m’en procurer dans un bref délai. »

Étape 1 : mesure de la quantité de céréale empruntée

Étape2 : signature du cahier de prêts
« Le grenier de Solidarité est une bonne initiative qui accroit la disponibilité des céréales au sein du village et favorise la lutte contre l’insécurité alimentaire. C’est grâce au projet RESICOM, que nous avons connu cette approche qui soulage les familles en manque de céréales pour nourrir leur famille pendant la période de soudure. Notre association compte 88 membres, nous sommes à notre première année, pour une première expérience, nous avons pu stocker 12 sacs de 100 Kg de sorgho avec 07 prêts octroyés. », renchéri Salamata OUEDRAOGO, présidente de l’Association RELWENDE bénéficiaire du grenier de Solidarité dans le village de Koundouba (Commune de Gourcy).

Le warrantage : une initiative endogène de soutien au stockage et à la commercialisation des céréales des petits producteurs agricoles

M. OUEDRAOGO Mamoudou, secrétaire du magasin de Warrantage de la commune de Rambo, chargé de la gestion du stock
Des études de faisabilité réalisées, il est ressorti que les aménagements et les infrastructures de soutien à la production, transformation et commercialisation réalisés dans la zone du projet demeurent très insuffisants au regard de ses potentialités, réduisant les capacités de production des ménages. Pour changer cette donne, l’un des objectifs spécifiques du projet RESICOM est d’organiser les petits producteurs en coopérative et faciliter leur accès à des infrastructures de production, de transformation et de commercialisation. Pour ce faire, le projet a entrepris d’une part, l’aménagement de plusieurs infrastructures de soutien à la production agrosylvopastorale dont : 227,41 ha de bas-fond rizicole répartie sur 13 sites, 45 ha de périmètres maraîcher, 20 forages pastoraux, 26 bassins de collecte d’eau de ruissellement (BCER), etc. Par ailleurs, pour faciliter la conservation, la transformation et la commercialisation de la production, sur la base des besoins et des potentialités des zones du projet, le projet a renforcé les capacités en équipements de 20 unités de transformation (beurre de karité, farine), 10 magasins de stockage d’oignons et 5 magasins de warrantage. A ce jour, les 05 magasins de warrantage sont déjà construits et fonctionnels. En rappel, l’objectif recherché à travers ces magasins de warrantage est de permettre de stocker et apporter de la valeur ajoutée aux produits agricoles, faciliter l’accès des petits producteurs au crédit et développer des AGR. A ce propos, selon M. OUEDRAOGO Mamoudou, secrétaire du magasin de Warrantage de la commune de Rambo : “la mise en place du magasin de warrantage dans notre village est une bonne chose. A travers ce magasin, nous ne bradons plus notre production à la récolte, en plus de cela, nous avons la possibilité d’avoir un crédit en échange d’une certaine quantité de céréales stockée dans le magasin, pour subvenir à nos besoins familiaux en attendant, d’écouler notre stock pendant la période de soudure (à un bon prix d’achat). Nous sommes à notre premier cycle, avec 27 membres dont 12 demandeurs de prêts à hauteur de 300.000FCFA (à rembourser le jour de vente des céréales qui intervient après 06 mois de stock). La quantité de céréales stockée à ce jour dans le magasin est d’environ 3,5 tonnes de plusieurs produits(Sorgho ; maïs ; petit mil, arachide et niébé). Pour les prochains cycles, nous espérons mobiliser plus de stocks à travers les différentes sensibilisations que nous menons sur le terrain pour avoir plus d’adhérents.”

Photo de famille avec les membres du comité de gestion du magasin de warrantage de la commune de Rambo