Le 01 mars 2022, une équipe de l’ONG Solidar Suisse Burkina a effectué une visite sur le site de mise en œuvre du Projet résilience et cohésion sociale (PRECOS), situé dans la commune de Nagréongo dans la région du plateau central du Burkina Faso. Cette visite qui s’est tenue en présence du partenaire local, « L’Association Manegdbzanga », a permis à l’équipe de la mission de constater de visu les activités qui y sont promues : Bokashi, MaBYZ, aménagement de périmètre maraîcher à côté d’eau en surface. 

Chaleureusement accueillie par les membres de la coopérative « Zemstaaba », l’équipe de la mission a commencé la visite en s’enquérant du processus de production de l’engrais organique nommé « Bokashi ». Pour faciliter la production locale de l’engrais Bokashi, les membres de la coopérative « Zemstaaba » ont bénéficié d’une formation sur la technique de production et d’utilisation. Selon l’explication de Moussa TAO, déplacé interne membre de ladite coopérative « la production de l’engrais Bokashi, commence d’abord par l’assemblage des déjections d’animaux, des tiges de mil coupées en petits morceaux ou de la paille de riz, de la levure, de la cendre et du sucre. Ensuite, il faut arroser et remuer le tout matin et soir pendant 04 jours. A partir du 5ème jour, les retournements sont faits une fois par jour pendant 5 jours. Puis, l’épandage est fait sur les parcelles avant le labour. Pour chaque parcelle, il faut 02 charrettes de Bokashi soit 500 kg. La production se fait collectivement mais au regard des multiples occupations certains le font à domicile. 

Séance d’explication du processus de production de l’engrais organique « Bokashi

Quant au périmètre, il s’étend sur une superficie de 3,5 ha avec 107 bénéficiaires dont 78 femmes et 32 PDI (personnes déplacées internes). Le périmètre se présente comme suit :

  • une station de pompage équipée d’une motopompe d’un débit de 75 m3/h de marque Changfa, situé à l’aval du barrage de Ziga. La motopompe refoule dans une conduite de diamètre 125 mm qui est enterrée jusqu’au bassin partiteur situé à l’extrémité centre du périmètre et qui alimente deux rangées de conduites primaires de diamètre 100 mm. Sur chaque rangée sont construites des prises arroseurs tous les 25m. Chaque prise alimente un canal secondaire en terre qui alimente un canal tertiaire perpendiculaire au canal secondaire et qui irrigue les parcelles gravitairement. Chaque bénéficiaire exploite une superficie de 10mX24m soit 240 m2. Les parcelles alimentées par un même canal secondaire constituent un bloc ;
  • par ailleurs, le périmètre est entouré par des allées de 2 mètres de large, une clôture grillagée et de 02 portes d’entrée ;
  • l’arrosage se fait par un tour d’eau de 03 jours. Le temps d’arrosage est de 6 heures (de 6 h à 12 h). Il faut en moyenne 15 litres de gazoil par jour d’arrosage. L’arrosage se fait 05 fois par semaine avec une pause de 02 jours ;
  • la principale spéculation produite sur le périmètre est l’oignon. Pour l’entretien de la motopompe et les charges fixes engendrées par cette activité, les producteurs ont mis en place un fonds de roulement dont chaque producteur contribue à hauteur de 2 500 FCFA.
  • Pour permettre une bonne gestion de ce périmètre, les membres du bureau de la société coopérative Zemstaba ont été formés sur la gestion administrative financière et comptable. En outre tous les 107 producteurs maraîchers ont été tous formés sur l’entrepreneuriat agricole.

MaBYZ : une garderie locale mise en place pour faciliter la garde des enfants des productrices de la coopérative

Dans le but de faciliter la garde des enfants des femmes qui travaillent dans le périmètre maraîcher, une garderie locale nommée « MaBYZ » a été mise en place à quelques mètres du site. Cette initiative développée et gérée par les habitants du village est très bien appréciée par les mamans productrices de la coopérative « Zemstaaba ». Au total, 67 enfants (dont 42 filles et 25 garçons) des déplacées internes et des populations hôtes sont pris en charge dans cette garderie.

La garderie « MaBYZ » a été réalisé sous forme d’un hangar en paille et bois avec 04 compartiments (une aire de repos pour les plus petits, un espace de repos pour les plus grands, un espace de jeux, un espace pour le repas). Cette garderie est gérée par 02 monitrices qui ont bénéficié d’une formation sur la garde des enfants. Elles tiennent en haleine les enfants avec les chants au rythme des tam-tams. Pour assurer le fonctionnement du MaBYZ après la subvention du projet, les membres de la coopérative ont donné chacun 02 assiettées de maïs + 01 assiettée de niébé. Deux planches du périmètre ont également été dédiées au fonctionnement du MaBYZ. Ces planches sont entretenues par l’ensemble des membres de la coopérative. Par ailleurs, pour assurer la prise en charge des monitrices, les membres de la coopérative ont initié une cotisation de 1500 FCFA par personne (sauf pour les PDI dont la cotisation est volontaire) en plus de 02 moutons attribués à chacune d’elle.

Mise en place au bord du périmètre maraîcher, la garderie « MaBYZ » est un cadre idéal d’épanouissement pour les enfants pendant les heures de travail de leurs mères

L’embouche : une initiative pour renforcer la résilience des femmes déplacées internes

Pour renforcer davantage la résilience des femmes déplacées internes de la commune de Nagréongo, quelques têtes de moutons ainsi que des aliments bétails ont été attribués à ces femmes dans le cadre du projet PRECOS. Officiellement remis en octobre 2021, certains animaux ont atteint à ce jour un bon gabarit. Cependant, le prix d’achat étant bas en ce moment (30.000f à 35000f par tête), les femmes souhaiteraient poursuivre l’embauche pour attendre la période d’achat favorable de la fête de Tabaski, ce qui risquerait d’augmenter les charges d’entretien au détriment du bénéfice.

Grâce à l’appui du projet PRECOS, les femmes déplacées internes de la commune de Nagréongo ont retrouvé le sourire

Pour clore la visite, l’équipe de Solidar Suisse Burkina a tenu une séance d’échange avec les membres de la coopérative « Zemstaaba ». Cette séance a été mise à profit pour recueillir le ressentis des membres, les difficultés rencontrées et les perspectives. Au nombre des difficultés, on peut noter entre autres :

  • la rareté de la fumure organique (déjections animales) pour la production du Bokashi ;
  • les charges liées à la collecte et le transport de moellons pour boucher les puits désaffectés présents dans le périmètre ;
  • l’insuffisance du nombre de têtes de moutons pour l’embouche ;

Pour pallier donc à cela et favoriser la pérennité des activités de la coopérative, les perspectives recommandées sont :

  • la construction d’un magasin de stockage de l’oignon qui leur permettrait de faire assez de réserve pour vendre en une période propice qui leur permettrait d’augmenter leurs bénéfices. Cela permettrait de supporter les charges de fonctionnement de la coopérative à long terme ;
  • l’augmentation du nombre de tête de moutons favorisera la disponibilité de la matière première pour la production de l’engrais organique ;
  • la prospection de partenaires fiables pour faciliter l’écoulement des oignons après récolte.

PRECOS est un modèle de réussite de projet Nexus qui permet de relever à la fois trois (03) défis importants du développement rural : l’humanitaire, la sécurité alimentaire et la paix. officiellement lancé en octobre 2021, les activités dudit projet ont été mises en œuvre en 03 mois. Cette visite de Solidar Suisse Burkina, structure coordonnatrice du projet, a permis de constater l’intégration réussie des PDI dans le périmètre maraîcher et la cohésion sociale qui existe entre elles et les populations autochtones. En rappel, les producteurs ont été regroupés en société coopérative avec reconnaissance officielle facilitée grâce au projet PRECOS.  Pour encourager cette noble action, Seydou BIKIENGA, une personne ressource de la localité a doté la coopération d’une deuxième motopompe. Au regard des résultats positifs constatés, le projet PRECOS paraît donc un modèle de réussite qui pourrait sans doute servir d’exemple à la mise en œuvre du projet RESICOM.

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