Le Lundi 21 Février 2022 à Ouagadougou, le Réseau de l’Education de qualité par le bi-plurilinguisme (REB) en collaboration avec le Ministère de l’Education Nationale, de l’Alphabétisation et de la Promotion des Langues Nationales (MENAPLN), à travers le Secrétariat Permanent de la Promotion des Langues Nationales et de l’Education à la Citoyenneté (SP/PLNEC) a célébré la journée internationale de la langue maternelle avec le soutien du bureau de la Coopération Suisse. Le Réseau Education de qualité par le bi-plurilinguisme (REB) né de la volonté d’une vingtaine d’organisations de la société civile ambitionne être un partenaire authentique et incontournable de l’Etat et de ses partenaires dans la promotion et la valorisation des langues nationales, a précisé monsieur Dieudonné ZAONGO, Président du Conseil d’Administration du REB, Représentant pays de l’ONG Solidar Suisse au Burkina Faso. La célébration de cette 23e édition de la journée internationale de la langue maternelle a été présidée par le Pr Kalifa TRAORE, Secrétaire Général du MENAPLN, chargé de l’expédition des affaires courantes et placée sous le parrainage de SEM Mélégué TRAORE, ancien Ministre des enseignements secondaire, supérieur et de la recherche scientifique, qui a salué l’initiative et prodigué des conseils pour une meilleure valorisation des langues nationales au Burkina Faso.
Un panel autour du thème principal « langues nationales pour une éducation de qualité » a permis de développer plusieurs thèmes au cours de cette journée. « L’emploi de la technologie pour un apprentissage multilingue, la langue et le développement humain durable et le bi-plurilinguisme comme facteur d’amélioration de la qualité de l’éducation au Burkina Faso » ont ainsi été décortiqués au bonheur des participants.
Les langues nationales, base d’une éducation de qualité
Les langues nationales pour une éducation de qualité, c’est sous ce thème que la journée a été célébrée au Burkina Faso. Au Burkina Faso, la langue officielle est le français mais il est important de savoir qu’il existe cinquante-neuf (59) langues maternelles dont les plus parlées sont le mooré, le fulfudé et le dioula. Ces langues maternelles donnent à chaque communauté son identité culturelle. La diversité linguistique et le multilinguisme sont alors indispensables pour le développement durable.
Pour madame Zalissa DJIBO, secrétaire permanente de la promotion des langues nationales et de l’éducation à la citoyenneté, cette journée célèbre la diversité linguistique et le multilinguisme comme facteur enrichissant le rapport entre les hommes et contribue à une éducation des jeunes enfants. Pour elle, la bonne maitrise de la première langue d’un élève facilite l’apprentissage de la deuxième langue.
Tous les segments du développement de la vie sociale, économique et culturelle des pays africains en général et du Burkina Faso en particulier ne sauraient se passer de la promotion de nos langues nationales. De même la pertinence, l’efficacité et l’offre éducative ne sauraient faire fi de l’usage des langues nationales a souligné le Président du Conseil d’Administration du REB, monsieur Dieudonné ZAONGO.
Le parrain, Mélégué Maurice TRAORE, n’a pas manqué de prodiguer des conseils en vue d’un meilleur ancrage et d’une meilleure valorisation des langues nationales au Burkina Faso. L’une des propositions les plus remarquables est la mise en place d’un think tank pour mener des réflexions au quotidien sur les langues nationales afin de trouver des idées qui permettent de « sauver » au mieux nos langues, surtout celles en voie de disparition. C’est d’ailleurs au nom de la sauvegarde des langues maternelles des groupes linguistiques minoritaires que des personnes ressources de la communauté de la commune de Karangasso Vigué dans la région des Hauts bassins ont été les invités de marques à cette célébration. En effet, la langue Vigué est l’une des langues minoritaires menacées de disparition au Burkina Faso.
La communication sur le bi-plurilinguisme comme facteur d’amélioration de la qualité de l’éducation a particulièrement capté l’attention des participants. En effet, docteur Benoît OUOBA, fondateur de l’Association Tin Tua a prouvé dans sa communication que l’utilisation rationnelle des langues nationales dans le système éducatif, facilite l’apprentissage des élèves et assure une qualité de l’enseignement. Le cas des écoles satellites en est une belle illustration de l’impact des langues locales sur l’éducation selon docteur OUOBA. « Les écoles satellites obtiennent une moyenne nettement plus forte que les écoles classiques (5,7 contre 3,5), selon une évaluation faite en 1999, a-t-il révélé.
Le bi-plurilinguisme connait des menaces
L’enseignement bilingue fait face à d’énormes difficultés au nombre desquelles, il y a le manque ou l’insuffisance de manuels, les problèmes de formation des enseignants et des encadreurs pédagogiques et l’abandon de la méthode à la demande des parents.
La mise en œuvre du bi-plurilinguisme a connu des échecs. « L’arrêt de l’expérimentation de la réforme de l’éducation en 1984 et la transformation des écoles satellites en écoles classiques sont les échecs les plus patents de l’enseignement bilingue au Burkina Faso » a confié docteur Benoît OUOBA avant de conclure que « l’introduction des langues négro-africaines dans les systèmes éducatifs doit respecter un certain nombre de principes pour les rendre non seulement efficaces, mais aussi facilement généralisables et efficients ».
En rappel, le thème officiel retenu par l’UNESCO est l’emploi de la technologie pour un apprentissage multilingue.
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